Ce que la parole échoue à traiter

Ce que la parole échoue à traiter
Sharon Zvili-Cohen

Ce qui m’intéressait au début de ma formation clinique était de faire une place à la parole. Mais ce que je n’étais pas à même de me dire à ce moment-là, était mon intérêt pour tout ce qui ne se laissait pas attraper dans les mots ; ou, de manière plus approximative, pour ce que le langage échoue à traiter. Je me souviens, au début de ma formation analytique, du cas d’un jeune homme que j’avais rencontré dans un hôpital public de santé mentale. Il était venu me parler. Dans son parler les mots s’interpénétraient et résonnaient dans la phrase comme une longue agglutination. Assis sur une chaise près d’un ordinateur, je lui suggérai d’écrire. Les mots tapés étaient semblables aux mots qu’il formulait : un flux ininterrompu sans pauses ni espaces entre les mots. Je m’assis à côté de lui et lui demandai de lire à haute voix ce qu’il avait écrit. En pointant mon doigt sur la barre d’espace, je ponctuai ce qui devint un mot après l’autre.


Traduction : Catherine Massol

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