Votre attention, s’il vous plaît !

Votre attention, s’il vous plaît ![1]
Bernard Seynhaeve

Ne me demandez pas pourquoi ce point d’exclamation culbuté à l’espagnole. La question m’a été posée. Je vous réponds : je ne sais pas. Ou peut-être pour que la question me soit posée. Je sais seulement que ça ne se fait pas, que c’est une faute de grammaire. C’est probablement la bonne raison : fauter. J’aime ça. C’est le côté surréaliste qui redouble le ton et l’insistance, de la surprise du titre. Je suis belge quand même aussi !

En français, le point d’exclamation, autrefois appelé point d’admiration, exclame, il insiste sur l’importance qu’on donne au signifiant. Il peut aussi signaler le danger, comme dans la signalisation routière. Sur votre tableau de bord, il signale une alarme. Les Espagnols le redoublent, c’est magnifique. Comme j’aimerais que cela soit aussi dans la langue de Molière. Pourquoi les Espagnols en ont-ils le droit et pas nous ? Pourtant le redoubler souligne davantage l’insistance du message, de sa surprise, en tout cas il intrigue et pousse peut-être à tenter d’en savoir davantage sur ce titre, sur le signifiant qui s’y articule.

Ce point d’exclamation culbuté attire sur lui toute l’attention : « votre attention cher lecteur, s’il vous plaît ! » Ce point d’exclamation « précipite » celui qui ose le regarder, celui qui ose lire, dans le trou du savoir que suggère le signifiant qui le suit. Alors, tant pis, redoublons-le.

Extrait de « ¡ Urgence ! »,  The Lacanian Review 6, NLS, Paris, p. 14.

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