Les incendies en Grèce et l’urgence sociale

Les incendies en Grèce et l’urgence sociale
Dora Pertesi

La cause de cette préoccupation était la mort de 25 personnes dans un champ, alors que l'incendie faisait rage. Tout semble indiquer qu'ils se sont enfuis sur le terrain à la suite de la décision de l'un des responsables du poste.

Cet été en Grèce a été marqué par cent morts à cause d’un incendie à Mati[1], très près d’Athènes. L’information a circulé partout : « L’œil ne se voit pas. »

Un incendie, comme un tremblement de terre ou une action terroriste à Paris ou à Bruxelles, ou encore l’assassinat massif par le tueur norvégien constituent une urgence sociale qui atteint la vie des citoyens.

En termes psychanalytiques on parle du réel, de quelque chose d’indicible, de quelque chose qui fait trou dans le discours.

Ce n’est pas par hasard si l’étymologie du mot epigon (urgent) en grec provient du verbe epigo (quelque chose qui presse dans le sens de prendre une décision rapidement / agir rapidement) qui vient lui-même de l’ancien verbe ignimi qui signifie ouvrir, trouer.

Devant la rencontre avec ce trou, avec le réel de l’incendie qui a eu comme résultat la mort de tant de personnes, comment se situe le sujet ?

Face à l’incendie le sujet doit prendre ses décisions rapidement. Il y a donc quelque chose d’urgent qui pousse à l’acte ou au passage à l’acte. Ce qui pousse est la pulsion.

Soit le sujet prend une décision dans l’urgence, précipitée sans doute, de partir ou de rester, ou autre chose, soit le sujet est empêché de prendre la décision.

Dans les deux cas, devant l’urgence de l’incendie, devant donc cette rupture du temps, devant ce qui ne peut pas attendre, la fuite peut constituer une solution.

Dans le premier cas la fuite, comme décision, obéit à une logique de contingence qui inclut la prise de risque et l’essai, au sens d’une tentative.

Par contre, dans le deuxième cas, le sujet est empêché de prendre sa décision et réagit dans la panique en fuyant. Cette fuite en déroute constitue un passage à l’acte.

Dans ce cas le sujet suit le leader, selon la psychologie des masses que décrit Freud, à savoir que le sujet obéit à la voix de quelqu’un qui décide à sa place et dit, par exemple, « On va par là ». Freud n’hésite pas à comparer la psychologie collective au couple hypnotiseur et hypnotisé et à l’état amoureux. En plus, il distingue deux types de foules : par identification, ou par substitution d’un objet extérieur à l’idéal du moi.

Nous pouvons conclure provisoirement : si le sujet s’identifie au leader, il ne pense pas. Il se soumet, sans prendre aucun risque, à la décision du leader. Par contre, s’il pense, il prend le risque de commettre une faute, mais, dans ce cas là, il agit comme un sujet responsable de son acte.

1 « Mati » en grec signifie l’œil.